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La formule “forfait illimité” des centres de prostitution en Allemagne

 

Depuis quelques temps, le concept des "Flaterate-Bordells" se multiplie en Allemagne. La marchandisation est poussée à son paroxysme. Internet sert de relais à cette publicité. Les réactions ne se sont pas faites attendre, des associations et des membres de la classe politique ont lancé une pétition contre ce concept que la Fondation Scelles condamne fermement. 

Le concept des « Flatrate-Bordells »: 
Le client du centre de prostitution paie une somme fixe (70 à 100 euros environ) pour la soirée et peut en échange consommer autant de nourriture, boisson, et de ‘sexe' avec les personnes prostituées qu'il le souhaite. Certains centres offrent également des services « bien être » (sauna, massages...).
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La publicité, agressive, se fait le plus souvent sur internet.


Le slogan de certains de ces centres est: « Autant que vous le voulez, aussi longtemps que vous le pouvez, avec qui vous voulez ».

Les faits:

Il existe plusieurs Flatrate-Bordells en Allemagne, notamment à Berlin, Heidelberg, Wuppertal et Fellbach.
Le phénomène a commencé à attirer l'attention des médias suite à l'ouverture, le 5 juin 2009, de « PussyClub », un centre de prostitution (une cinquantaine de chambres et entre 50 et 100 prostituées selon les sources) offrant un forfait illimité à la soirée, dans la ville de Fellbach. 
Les flatrate-Bordells recrutent en priorité des femmes jeunes originaire des anciens pays soviétiques d'Europe de l'Est et du Sud-Est.

Les acteurs:

Le maire de Fellbach, Christoph Palm (conservateur, CDU), opposé à ce concept qu'il estime contraire aux droits humains des femmes, a publiquement lancé le débat en Allemagne. Il a reçu le soutien du Ministre de l'intérieur, Heribert Rech (également conservateur), qui a demandé une réforme de la loi sur la légalisation de la prostitution de 2002.
Un groupe de travail interdisciplinaire aurait été mis en place au niveau de la région, sous la houlette de la ministre régionale en charge des affaires sociales, Monika Stolz, afin de réfléchir à de possibles mesures pour contrer le développement des Flatrate-Bordells. L'objectif est d'envisager si des mesures d'empêchement sont possibles en attendant une possible réforme de la loi fédérale.

Un collectif fédéral a été formé le 9 juillet 2009 pour demander au gouvernement de prendre les actions nécessaires dans une lettre envoyée à Angela Merkel. Le collectif comprend notamment des élus locaux et des associations de femmes comme FIZ, le centre d'informations des femmes de Stuttgart, l'ONG Terres des Femmes et l'association Solwodi. Il a lancé une pétition. Les protestations sont notamment soutenues par le bureau des femmes BAG (réseau national de déléguée communales) basé à Berlin.

La tenancière du bordel « PussyClub » (Patricia Floreiu, 26 ans) défend son centre contre les critiques des responsables politiques. Elle prétend que les prostituées gagnent entre 3 500 et 7 000 euros bruts par mois et que la plupart des hommes surestiment leurs capacités et se limitent à « deux fois » par soirée.

Pour l'association Solwodi qui lutte contre la traite, certaines informations laissent penser que des jeunes femmes roms originaires de Roumanie et de Bulgarie sont employées des les Flatrate-Bordells sous la contrainte. Par ailleurs, des systèmes de contrôle vidéo et par des agents de sécurité sont souvent mis en place par les centres de prostitution : les femmes doivent se déplacer dénudées dans le centre, n'ont pas le droit de téléphoner et ne peuvent sortir qu'avec l'accord de la direction du centre. Dans certains cas, elles travailleraient jusque 16 heures par jour. L'association demande l'abolition de la loi de 2002.

La police locale de Fellbach affirme faire son travail de surveillance, même si elle n'a pas constaté de problèmes majeurs pour le moment. Le porte-parole de la police reconnaît toutefois que, même si, d'après leur contrat, les prostituées sont libres de refuser un client, en pratique, cela est contraire au slogan publicitaire sur internet (promettant aux clients ‘Vous choisissez qui vous voulez').


Les aspects politico-juridiques:

Le paragraphe 1 de la loi de 2002 n'interdit ni n'autorise explicitement la fourniture « illimitée » de « services sexuels ». Il existe donc une zone grise et le « client » peut soit payer pour un service sexuel donné, soit pour une durée déterminée.

La fermeture des Flatrate-Bordells requière donc une initiative du Parlement et du gouvernement pour amender la loi fédérale actuelle, même si certaines autorités locales espèrent trouver un moyen de contrer le développement des Flatrate-Bordells tout en restant dans le cadre juridique actuel.
Une initiative a été lancée en juillet 2009 par plusieurs responsable politiques allemands issues des principaux partis (Conservateurs de la CDU, Socialistes du SPD, Verts et Libéraux du FDP) et doit encore aboutir.

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