« Une expérience qui restera mémorable ! »

Rapport Mondial : exploitation sexuelle, une menace qui s'étendLe 20 juin dernier, pour la 2e année consécutive, la Fondation Scelles remettait ses prix destinés à la sensibilisation des jeunes. Les lauréats racontent l’expérience des Prix Fondation Scelles. 

C’est dans le cadre solennel de la Bibliothèque du Barreau de Paris, partenaire de l’opération, qu’avait lieu la remise de la 2e édition des Prix Fondation Scelles. Cette année, six catégories étaient en lice : meilleurs article, photo, plaidoirie, réquisitoire, slam, webdocumentaire. Comme l’année dernière, deux prix étaient remis dans chaque catégorie : Prix du jury (composé de trente personnalités des domaines d’expression en concours), offerts par la Fondation Scelles, et Prix du public, offerts par Charpenel Patrimoine Conseils et relayés par le réseau des bibliothèques de la Ville de Paris.

Participaient à l’opération les étudiants de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, de l’Ecole nationale supérieure Louis Lumière, de l’Ecole nationale de la Magistrature, les secrétaires de la conférence du Barreau de Paris, les élèves des collèges Béliard (Paris) et Joliot-Curie (Nanterre). Tous étaient tenus de décliner leurs travaux sur une thématique générale : la traite des mineurs victimes d’exploitation sexuelle.

Résultats du crû 2014 ? 4 000 votes sur internet, plus de 5 000 personnes qui se sont connectées sur Facebook pour voir les travaux, 7 000 visionnages… Et surtout des travaux de grande qualité réalisés par des jeunes motivés. Quelques-uns des lauréats nous ont dit les difficultés, le plaisir, parfois l’émotion qu’ils ont trouvés en participant aux Prix Fondation Scelles.

 

« Sur la piste de deux collégiennes… » - Remi Banet, Meilleur article 2014 (Prix du Jury)
« La prostitution, c’est un sujet qui m’intéressait. J’avais déjà travaillé sur ces questions dans le cadre d’un mémoire sur la criminalité albanophone. C’était l’opportunité de retravailler dessus. (…) . Cela a représenté plusieurs semaines de travail. J’ai pris beaucoup de plaisir et j’ai beaucoup appris en le faisant. J’espère qu’il en ira de même pour les futurs lecteurs.
Au départ, je pensais faire un travail de terrain sur la prostitution des mineurs à Paris parce que j’avais la naïveté de penser que le problème n’existait pas à Lille, qu’il était trop marginal et donc insondable. Mais pour faire une vraie enquête, il était plus simple de travailler depuis Lille. Finalement, j’ai commencé à interroger quelques personnes sur le sujet et je me suis rendu compte qu’il y avait un vrai problème à Lille et, qui plus est, en expansion. On m’a rapidement indiqué la piste de deux collégiennes, deux sœurs, qui ont été prises dans la prostitution. Cette histoire a servi de fil conducteur à mon article, un peu d’enquête, un peu de reportage, beaucoup d’interlocuteurs intéressants, certains difficiles à avoir surtout du côté des forces de l’ordre, d’autres plus ouverts, notamment les avocats, les militants
 »

 

« Une expérience marquante » - Yannick Sanchez, Meilleur webdocumentaire 2014 (Prix du jury et du public), avec Magali Judith
« J’étais attaché à cette cause. L’avenue du Peuple belge, sur laquelle nous avons travaillé pour ce reportage, je l’ai prise tous les jours, parce que j’habitais au bout de cette avenue. C’est pas facile de rentrer chez soi tous les jours et de baisser le regard parce qu’on n’est pas sûrs de se confronter au phénomène de la prostitution. Je suis heureux d’avoir pu voir la prostitution sous un angle un peu différent, d’avoir pu converser avec ces femmes et ces hommes aussi, parce qu’on en a croisés, qui ont ce « métier » là, si difficile. C’est une expérience qui restera mémorable et qui nous beaucoup marqué. »

 

« Une problématique dans l’angle mort de la société… » - Anne Lec’Hvien, Meilleur article 2014 (Prix du public), avec Julien Molla
« Pour nous, ça a été une expérience très intéressante. Nous avons pu travailler hors contrainte d’actualité, et sur un sujet qui n’a pas forcément une visibilité importante dans les médias. Au fur et à mesure que nous avons avancé, au fil des interviews, on s’est rendu compte que sur ce sujet les personnes concernées étaient rares, fuyantes. On a eu le sentiment que c’était une question un peu dans l’angle mort des institutions, de la société en elle-même. On a essayé de construire notre article à partir de cette idée et de donner une vision un peu exhaustive de la complexité de ce sujet. C’est un travail qui restera dans notre mémoire de jeune journaliste. »

 

« Apporter ses petits cailloux… » - Christophe Bogliolo, Meilleure plaidoirie 2014 (Prix du Jury et du Public)
« Lorsque l’on voit la vie de Jean et Jeanne Scelles, les fondateurs de la Fondation, une vie d’un grand courage et d’un grand altruisme, on se dit qu’il est nécessairement un peu prétentieux de parler dans une ombre aussi grande. Mais lorsque l’on croise des dossiers souvent de femmes affectées par la prostitution, on se dit qu’il serait au contraire d’une grande lâcheté et d’un grand égoïsme de ne pas apporter des petits cailloux, c’est la raison pour laquelle je me suis présenté à ce concours de plaidoirie. Petit à petit, caillou par caillou, ce combat, initié par Jean et Jeanne Scelles portera ses fruits. »

 

« Une expérience enrichissante » - Vincent Tridon, Meilleur réquisitoire 2014 (Prix du Jury)
« Je tiens à remercier la Fondation qui a organisé, Mr et Mme Charpenel, l’ENM et en particulier les enseignants qui nous ont incités à participer. Nous n’avons pas l’habitude de participer à ce genre d’événement. En effet, on nous apprend à poursuivre, on nous apprend à juger, on nous apprend pas forcément à être éloquent. Ça nous a appris à être plus sensible à cette cause, à laquelle personnellement je n’étais pas forcément très attentif. Sur le sujet que j’avais, la traite d’un enfant, c’était très théorique. Mais c’est un thème qu’on retrouvera fatalement dans notre activité. Donc c’était une expérience très enrichissante. »

 

« Une belle cause » - Marine Delanoë, Meilleur réquisitoire 2014 (Prix du public)
« Je reçois ce pris avec plaisir. Ce n’était pas un exercice facile. Mais très intéressant. J’ai appris beaucoup de choses par mes lectures pour préparer ce réquisitoire. Des actions comme celles-là devraient être valorisées parce que cela permet de donner une visibilité à ce combat. J’espère à titre personnel que ce partenariat continuera l’année prochaine et que les auditeurs de la promotion suivante pourront participer et viendront requérir pour cause qui est une belle cause. »

 

Le mot final reviendra à Fabio, Meilleur slam 2014 (Prix du public)
« Merci à la Fondation pour ce projet. J’ai beaucoup apprécié. Je recommencerai l’année prochaine ! »


 

Palmarès des Prix 2014