Il y a urgence à identifier les victimes

Ce qui légitime le combat contre l'exploitation sexuelle, et sa forme la plus grave, la traite des être humains, c'est qu'il est avant tout question de victimes.

 

A travers notre monde, celui de 2012, ce sont des millions de femmes, d'hommes et d'enfants qui sont broyés par un système qui tire un profit financier toujours plus considérable de personnes toujours plus vulnérables .

 

Il est certes difficile, voire impossible, d'en connaître le nombre exact. Il est en revanche facile, si l'on s 'en donne la peine, d'en percevoir l'écho insistant et l'ampleur grandissante .

 

Le récent colloque sur le tourisme sexuel organisé à Paris par l'importante association brésilienne, le SESI, ECPAT et la Fondation Scelles, a mis en évidence le sort particulier des enfants.

 

Quelle comparaison peut alors être faite entre l'enfant du Nordeste pour lequel un touriste paye 2 dollars pour du sexe et les 25 000 € qu'un fils de dictateur a payé à Cannes pour offrir trois jeunes prostituées à ses amis influents, comme l'a montré le procès exemplaire qui vient de s'achever à Marseille?

 

C'est leur condition de victimes bien sûr, et la difficulté initiale à les identifier comme telles.

 

Méconnaître l'existence des victimes de l'exploitation sexuelle, faute de sensibilisation suffisante de tous ceux qui peuvent croiser leur chemin, c'est favoriser la prospérité d'un véritable crime et s'interdire de leur venir en aide.

Et il y a urgence à apprendre à identifier ces victimes, parce que la menace de voir leur nombre continuer d'augmenter est bien réelle, comme le montre le nouvel état des lieux de l'exploitation sexuelle dans le monde que publiera la Fondation Scelles dans les prochaines semaines.

 

Bonne lecture !
Yves Charpenel
1er Avocat général à la Cour de Cassation
Président de la Fondation Scelles