Le danger de la banalisation de la prostitution

Comme on pouvait le pressentir fin 2011, la nouvelle année s'inscrit dans la continuité d'une actualité chargée et stratégique dans le domaine de l'exploitation sexuelle.

 

Premièrement, la capacité du mouvement abolitionniste français à inscrire ses valeurs dans le débat politique national va être concrètement mise à l'épreuve dans l'immédiat, avant et après les prochaines échéances électorales. Et la Fondation, avec ses partenaires d' « Abolition 2012 », y prend déjà toute sa part.

 

Deuxièmement, la procédure d'évaluation de la politique publique française contre la traite par le GRETA (Groupe d'Experts sur la lutte contre la traite des êtres humains) est engagée. Nous saurons dans quelques mois si le "triple A" français en la matière est toujours d'actualité. Ce sera surtout une occasion privilégiée de plaider pour de sérieux progrès, en particulier dans la prise en charge des victimes de la prostitution.

 

Troisièmement, le contexte européen n'a jamais été aussi propice aux avancées sur la reconnaissance de véritables armes pour décourager la demande. Ce thème de la possible pénalisation du client est illustré dans ce numéro de la newsletter par un regard sur la situation en Irlande, pays qui envisage cette évolution essentielle.

 

Quatrièmement, le principal adversaire auquel est confronté le combat abolitionniste, en France comme partout dans le monde, est celui de la banalisation de la prostitution, derrière laquelle avancent, à peine masqués, les marchands du sexe. Plus que jamais, ce danger impose une vigilance et une analyse sans concession. C'est ce mois-ci la sortie d'un film remarqué sur la prostitution étudiante qui nous invite à ne pas manquer le débat sur les ombres et les réalités d'un phénomène décidément récurrent.

 

Yves Charpenel
Avocat général à la Cour de Cassation
Président de la Fondation Scelles