La traite des enfants touche tous les pays du monde

Par DOMINIQUE ATTIAS, avocate, responsable du groupe "Droit des mineurs"

 

La traite des enfants touche tous les pays du monde pris dans le réseau de la criminalité internationale.

Chaque année des enfants sont vendus comme des marchandises.

La traite viole les droits garantis aux enfants par le Droit international.

Les enfants sont menacés dans leur existence et leur développement et se voient dénier leurs droits à l'éducation, à la santé et à la protection.

Pourtant, la Convention internationale des droits de l'enfant a été adoptée par 192 Etats dans le monde.

La France est le 2ème pays à avoir ratifié cette convention et est le 1er pays à avoir fait du 20 novembre la journée des Droits de l'enfant.

Cette convention rappelle aux pays signataires, leur engagement à lutter contre la traite des enfants et à les protéger contre toutes les formes d'exploitation et de violence sexuelle.

Il n'est jamais assez dit que les enfants font partie, en cette période de crise et de grande précarité, de la population la plus vulnérable et en grand danger.

Les enfants circulent à travers le monde et sont la proie de criminels qui n'hésitent pas à les exploiter, les violenter.

La traite des enfants est lucrative, liée à l'activité criminelle et à la corruption.

Elle génère jusqu'à 10 milliards de dollars par an de profit.

L'élimination de la traite des personnes passe par la coopération entre les pays d'origine, de transit et de destination, même si la traite interne est à prendre au sérieux tout autant que la traite mondiale.

Cette « plaie » est difficile à combattre parce que clandestine.

Elle viole le droit de l'enfant de grandir.

Ces enfants sont en prise en permanence à toutes sortes de dangers.

Or, au lieu d'être considérés comme des victimes, ces enfants sont arrêtés, incarcérés, comme étrangers en situation irrégulière alors qu'ils ne sont que des enfants en errance.

Tel est le cas de ces « jeunes mineurs isolés étrangers » que l'on voit errer dans les rues de Paris pour la plupart de jeunes garçons entre 13 et 17 ans.

Qui sait qu'un jeune afghan sans ressource peut mettre trois ans de son pays d'origine à son arrivée en France, après avoir été exploité et avoir subi toutes sortes de sévices y compris sexuels dans les pays qu'il a traversés.

Comment ignorer que des petites filles n'ayant parfois pas plus de 13 ans font l'objet de traites, impuissantes et isolées, employées comme domestiques à des fins d'exploitation sexuelle.

Même si la France a renforcé son dispositif de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants, incriminant « le fait de solliciter, d'accepter ou d'obtenir en échange d'une rémunération ou d'une promesse de rémunération des relations de nature sexuelle de la part d'un mineur qui se livre à la prostitution y compris de manière occasionnelle »

Même si cette incrimination a été étendue « au fait pour un majeur de faire des propositions sexuelles à un mineur de 15 ans ou à une personne se présentant comme telle en utilisant un moyen de communication électronique »

Même si des cyber-patrouilleurs ont été créés, le fléau de l'exploitation sexuelle et plus généralement de la traite continue à sévir.

Ces jeunes filles parfois sans identité incarcérées à la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, enceintes, âgées de 14 ans, nous rappellent que cette triste réalité se déroule dans notre pays démocratique.

Les avocats sont les porte-paroles des plus vulnérables et de ceux qui ne peuvent pas parler ou que l'on ne veut pas entendre, conscients du chemin qu'il reste à faire et de la protection que méritent ces enfants.

Les avocats s'engagent pour porter assistance aux victimes de toutes formes de violence.

Dans la droite ligne de la journée du 21 novembre 2012 consacrée aux violences faites aux femmes, le Barreau de Paris s'est associé à la Fondation Scelles pour mener ce combat.

Le Prix Fondation SCELLES et notamment celui de la meilleure plaidoirie, ont permis aux jeunes avocats, Secrétaires de la Conférence autour du thème « pas de criminel sans victime », de poser leur pierre à l'édifice que patiemment la Fondation SCELLES bâtit contre l'exploitation sexuelle.

La Fondation SCELLES s'emploie à éradiquer le fléau de cet esclavage moderne que constitue l'exploitation sexuelle.

Pour ce faire, elle a entamé une grande campagne d'information en direction des jeunes par l'intermédiaire des prix Fondation SCELLES.

Les jeunes d'aujourd'hui seront les adultes de demain.

Il est impératif de les sensibiliser aux problématiques liées à l'exploitation sexuelle et à la traite des femmes mais aussi des enfants.

Les sensibiliser au respect, à la considération et à l'estime envers l'autre, estime qui rejaillit sur soi.

Les sensibiliser au respect dû à tout être humain et surtout envers celui qui n'a pas les moyens de se défendre.

Ce combat est un engagement citoyen auquel chacun d'entre nous doit se joindre, et en première ligne, les avocats.