Les parents de l'enseignement public face aux inégalités et aux violences

Par VALÉRIE MARTY, Présidente de la Fédération des Parents d'Élèves de l'Enseignement Public (PEEP)

 

Valéry MartyLa Fédération des Parents de l'Enseignement Public - PEEP - soutient l'engagement de la Fondation Scelles et sa volonté de mobiliser l'opinion contre la banalisation de l'exploitation sexuelle, notamment celle des mineurs. La PEEP souhaite ici que sa parole soit entendue. Elle agit en qualité de représentant des parents d'élèves, c'est-à-dire comme éducateurs qui s'inscrivent dans la transmission et l'apprentissage du savoir et du savoir-être.

 

Si, dans les établissements scolaires, nos enfants sont sensibilisés à des sujets à risques tels que le SIDA ou l'insécurité routière, force est de constater que les minima sur l'éducation sexuelle sont rarement assurés. Cela fait écho à une certaine gène des adultes, voire un tabou, à aborder ces sujets pourtant essentiels, réserve que vient doubler la crainte de l'usage de stupéfiants chez nos jeunes.

 

L'Education Nationale entame une lente démarche d'éveil au harcèlement moral et aux inégalités filles/garçons, et nous devons reconnaître l'évidence que garçons et filles qui sont des entités distinctes aux évolutions hétérogènes se connaissent peu ou mal. S'il n'existe pas d'espace de vie pour côtoyer et apprendre la nature de l'autre sexe, cet apprentissage de l'altérité se trouve parasité par les média avec des excès et des dérives. Ainsi, l'usage des téléphones portables et surtout des smartphones, que certains établissements ont décidé d'interdire, nous apparaît comme une boite d'amplification de la dégradation des relations filles/garçons que nous constatons depuis quelques années.

D'autres sujets comme les violences faites aux femmes, notamment aux jeunes filles, ou les réalités de l'exploitation sexuelle ne sont que très rarement abordés dans les établissements scolaires. A fortiori, il n'y a aucune sensibilisation des garçons sur le recours aux services sexuels tarifés et leurs conséquences.

 

Alerter les jeunes contre les dangers de la banalisation croissante des pratiques sexuelles marchandes, qui participe à faire d'eux les proies privilégiées des proxénètes, est bien délicat dans une salle de classe. L'éducation civique est intégrée dans tous les programmes. Mais faire des futurs adultes de notre nation des citoyens informés des réalités de la prostitution, qui ne soient ni victimes ni consommateurs d'un des pôles majeurs du crime organisé, représente encore un défi pédagogique pour notre pays.