En 2012-2013, la Fondation Scelles entame une grande campagne d'information en direction des jeunes sous une forme originale et inédite : un concours et des prix pour mobiliser l'opinion contre l'exploitation sexuelle.
Victimes de trafics et/ou de la misère, contraints de se prostituer pour la survie de leur famille ou pour financer des études, prostitué(e)s occasionnel(le)s (ou consommateurs potentiels), les jeunes sont devenus les premières cibles des proxénètes. Selon les estimations, entre 3 000 et 8 000 mineur(e)s seraient aujourd'hui prostituées en France. Quoique le chiffre soit imprécis, associations et travailleurs sociaux signalent toujours plus de cas de prostitution de mineurs ou de jeunes majeurs.
C'est le résultat à la fois des injonctions médiatiques et commerciales qui banalisent les pratiques sexuelles marchandes et du manque d'information des jeunes. Ce que souligne une enquête récente sur les représentations de la prostitution chez les 18-26 ans : pour 77% des jeunes interrogés, la prostitution est considérée « comme un métier comme un autre » ; et près de 58% indiquent n'avoir aucune connaissance (ou peu de connaissances pour 26%) de la législation concernant la prostitution (63% d'entre eux désirent d'ailleurs être davantage informés (enquête d'ARCA-37, Association de recherches en criminologie appliquée, 2012).
Face à ce constat, il est urgent d'agir. Agir, en refusant de participer à la banalisation du phénomène et en informant des réalités de l'exploitation sexuelle, des réalités que beaucoup refusent de voir.... Agir, en travaillant à changer le regard de la société sur les personnes prises dans l'esclavage sexuel et, ainsi, les aider à regagner la part d'humanité dont elles ont été amputées....
Les Prix Fondation Scelles ont l'ambition de faire entendre la voix de celles (et de ceux) qui ne peuvent pas parler ou que l'on ne veut pas entendre. Pour y parvenir, nous avons choisi de nous adresser aux jeunes adultes et à ceux qui, demain, façonneront l'opinion et l'imaginaire du grand public (artistes, journalistes, avocats). Et nous leur demandons de trouver les mots et les images propres à dévoiler les facettes de la réalité de l'exploitation sexuelle.
Cinq catégories et cinq thèmes sont en lice :
- Meilleur Article : « L'exploitation sexuelle frappe les plus vulnérables »
- Meilleur Visuel ou Photo : « Être client c'est participer à la violence faite aux personnes que l'on prostitue »
- Meilleure Vidéo : « Le terrain du danger... Comment on devient prostitué(e) »
- Meilleure Plaidoirie : six angles différents autour du thème « Pas de criminel sans victime »
- Meilleur Slam : « L'être humain n'est pas une marchandise. Pas de respect de soi sans respect de l'autre »
Pour cette année de lancement, le projet sera proposé prioritairement à quelques établissements ayant en charge la formation des étudiants dans les domaines correspondants aux prix, connus pour la qualité de leur enseignement et leur réputation incontestée. Participeront donc à l'opération les étudiants de l'Ecole supérieure de Journalisme de Lille, d'E-artsup Bordeaux, de l'Ecole Louis-Lumière, les secrétaires de la Conférence du Barreau de Paris.
Pour sensibiliser le public adolescent, nous mettons également en place un prix slam, proposé aux classes de 3ème des collèges de Seine-Saint-Denis.
Les prix seront attribués le 4 mars 2013, dans le cadre prestigieux de la Bibliothèque du Barreau de Paris, en partenariat avec le Barreau de Paris. Les lauréats seront désignés par un jury, composé d'artistes, de journalistes, de personnalités politiques et institutionnelles, tous des femmes et des hommes fortement engagés dans la lutte contre cet esclavage moderne.
Ce sont eux qui décerneront aux gagnants le prix d'un montant de 1 500€ qui se veut, au-delà de son aspect honorifique, une modeste contribution à leurs débuts dans la vie professionnelle. C'est ce même jury qui désignera la classe de collège qui participera à une visite de la Comédie française, suivie de la représentation de l'Avare de Molière. Ce sera l'occasion pour les élèves de constater qu'un spectacle de prestige conjugue les talents de corps de métiers extrêmement variés et qu'aucun maillon de la chaine ne peut être défaillant.
L'acteur Francis Huster qui a accepté d'apporter son soutien à l'opération, remettra les prix aux lauréats. Son engagement montre que la lutte contre l'exploitation sexuelle doit aussi être portée par des figures médiatiques. Il est important qu'une personnalité aussi connue et respectée que Francis Huster, homme de parole et homme de la parole, décide de s'exprimer pour celles et ceux que l'on musèle. Par son soutien, il affirme également que la très grande majorité des hommes ne sont pas clients de la prostitution.
Le même jour, les noms des lauréats désignés par le vote populaire seront annoncés. En effet, afin de donner une véritable ampleur à la diffusion des prix et, plus encore, à l'action d'information qui l'accompagne, nous avons mis en place un vote populaire. L'objectif est à la fois de faire découvrir le talent des candidats en lice à un public élargi et de sensibiliser le plus grand nombre aux réalités de la prostitution.
Le vote se fera via internet. Dès les premiers jours de février, les travaux des candidats seront visibles sur le site de la Fondation Scelles et sur le réseau des bibliothèques municipales qui relaient l'opération. La Ville de Paris a déjà donné son accord et l'on attend les réponses de Lille et de Bordeaux. Dès lors, tous ceux et toutes celles qui le souhaitent pourront ainsi prendre part au processus de vote.
Soyez nombreux à participer à cette expérience et à soutenir ces jeunes qui, à l'orée de leur vie professionnelle ou à mi-chemin de leur parcours scolaire, ont décidé de s'engager à nos côtés.
- Dominique Attias, Avocate Responsable du Groupe « Droit des mineurs »
- Gérard Biard, Journaliste, porte-parole de l'association « Zéro macho »
- Danièle Bousquet, Ancienne députée, Présidente de l'Observatoire de la parité
- Claire Brisset, Médiatrice de la Ville de Paris, ancienne Défenseure des enfants
- Yves Charpenel, Président de la Fondation Scelles et Premier avocat général à la Cour de cassation
- Geneviève Colas, coordinatrice du Collectif « Contre la traite des êtres humains »
- Bernard de La Villardière, Journaliste à M6
- Myriam El Khomri, Adjointe au Maire de Paris en charge de la prévention et de la sécurité
- Guy Geoffroy, Député
- Chantal Jouanno, Sénatrice
- Fatima Lalem, Adjointe au Maire de Paris en charge de l'égalité
- Jean-Louis Nadal, Ancien procureur général près la Cour de cassation
- Ernestine Ronai, Conseil général de Seine Saint-Denis
- Gérard Sanz, Photographe de la Ville de Paris
- Marion Sarraut, Cinéaste
- Elsa Vigoureux, Journaliste au Nouvel Observateur
Pour en savoir plus :
www.fondationscelles.org /
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