« La prostitution n'est ni un métier, ni un mal nécessaire. »

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« La prostitution n'est ni un métier, ni un mal nécessaire. »

Chantal JOUANNO, Sénatrice de Paris

 

Prostitution, mal nécessaire ? Mythe du plus vieux métier du monde ? Réalité consubstantielle à toute société ? Le tabou du sujet recouvre cette vision erronée de la prostitution qui tend à perdurer dans notre société derrière des artefacts de liberté et du droit à disposer de son propre corps...

 

L'état de notre droit n'a pas encore connu d'avancées majeures dépassant ce débat désuet. La principale question qu'il nous faut nous poser est celle de l'existence même de la prostitution, de son origine et de son existence sociale ; il n'y aura point d'avancée sans une réflexion majeure sur ce thème, relançant ainsi le débat sur la pénalisation des clients.

La commission des affaires sociales du Sénat m'a chargée avec mon collègue Sénateur, Jean-Pierre Godefroy, de mener un travail d'analyse des enjeux sociaux de la prostitution qui permettra de nourrir notre réflexion de Législateur sur cet éternel débat.

 

Je souhaite que nous ayons dans le cadre de cette mission l'ambition de répondre à la question centrale « la prostitution est-elle inéluctable ? ». Nous devons étudier notamment les facteurs d'entrée et de maintien dans la prostitution et les outils de réinsertion sociale permettant d'en sortir. Nous nous attacherons à décrire les motifs psychologiques et sociaux à l'œuvre derrière la démarche des clients.

 

Le terme « prostitution » recouvre des réalités contrastées et diverses, souvent mal connues et appréhendées. Nous voulons comprendre la situation particulière dans laquelle se trouvent certaines personnes prostituées, notamment les mineurs, les étudiants, les personnes âgées, les étrangers en situation irrégulière et les transsexuels.

 

Nous avons prévu de procéder à l'audition d'un grand nombre d'acteurs : représentants d'associations, responsables politiques et administratifs, professionnels des secteurs de la santé et du médico-social, personnalités qualifiées, etc. Ces auditions seront complétées par des déplacements sur le terrain, en France et à l'étranger.

 

Qu'il me soit permis d'espérer que la réflexion que nous mènerons au Sénat permettra un cheminement de la pensée où la prostituée puisse être considérée comme une victime. Si il est bien une situation dans laquelle les femmes disposent le moins de leur corps, c'est dans la prostitution. La vision que les prostituées sont libres, si elle est sans aucun doute confortable, voire même déculpabilisante pour notre société, n'en est pas moins fausse. La prostitution n'est ni un métier, ni un mal nécessaire. C'est une atteinte à la dignité humaine et c'est moins sous l'angle du moralisme que sous celui de l'égalité que la question doit, à mon sens, être traitée.
 

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