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Amour et handicap : du sexe gratuit à l'arnaque payante

 

Après son documentaire sur « Les Travailleuses du sexe - et fières de l'être » en 2009, Jean-Michel Carré et son producteur attitré les Films Grain de Sable (avec le soutien de France Télévision) nous ont convié à venir assister à l'avant-première de leur nouvel opus : « Sexe, amour et handicap » (diffusé sur France2 le 24 février).

Ce documentaire a pour lui la volonté de mettre le focus sur des thématiques qui nous touchent tous intimement (les relations affectives, l'amour, le désir, le sexe), sur lesquelles on donne rarement la parole aux personnes handicapées.

C'est donc avec un vif intérêt que l'on va suivre Charlie, Sébastien et les autres, grâce à l'association « Choisir sa vie » d'Aubagne et à la caméra bienveillante et rarement voyeuriste de Jean-Michel Carré.

Les handicaps montrés ici sont lourds, contraignants. Les mots de Charlie et de ses amis résonnent souvent comme un cri d'absence d'amour. Pourtant, les histoires racontées au fur et à mesure du documentaire finissent par combler ce vide. On est touché par ces récits de vie, ces histoires de couples dont les rencontres, la séduction, le désir et les chagrins d'amour parlent à chacun d'entre nous. « Chacune de ces histoires nécessiterait un film entier » s'est même plu à souligner J-M. Carré après la projection.

« L'assistanat sexuel » : un chantage à la compassion

Viennent ensuite des voix discordantes de spécialistes ou pseudo-spécialistes de « l'assistanat sexuel ». Ils insistent sur la nécessité de sa mise en œuvre. Ils argumentent avec force sur son utilité, sur les bienfaits de la formation de professionnels, afin d'atteindre un certain degré de spécialisation. Ils multiplient à outrance les possibles circonstances de recours à ce type d'assistanat. Toutes ces interventions sont, bien sûr, entrecoupées de séquences d'émotion servant à rendre l'argumentaire en leur faveur inattaquable.

Le documentaire prend également le soin d'entretenir un certain flou artistique quant à la mise en œuvre de cet assistanat sexuel : quel statut, quel cadre juridique ? On en vient même peu à peu à nous faire croire que le bénévolat dans ce type d'accompagnement n'est pas non plus la bonne solution et que les personnes ont « besoin » de payer. C'est symbolique parait-il. La bonne blague.

Aussi poignants soient-ils, les témoignages savamment répartis entre les personnes handicapées et les « psycho-sexo-savants » amènent petit à petit l'idée qu'un « droit à la sexualité » est nécessaire au bien-être de ces personnes. La manipulation à l'oeuvre dans ce film porte le spectateur à croire que l'assistanat sexuel est la seule solution.

Peut-on réellement évoquer un 'droit à la sexualité' ? Il conviendrait alors de valider ce droit pour toutes les minorités qui en feraient la demande. Et qu'en serait-il de toutes ces personnes contraintes à la prostitution à qui l'on continue de refuser le droit de vivre sans avoir recours à la prostitution ? Dans le principe, la revendication d'une vie sexuelle et affective est légitime. C'est le cas pour tous. Mais peut-on réellement formaliser cette revendication ?

Si manque il y a, parfois entretenu par l'institution elle-même voire le corps médical dans sa grande majorité, l'assistanat sexuel est-il une solution ? La réponse viendra de Madame Maudy Piot, présidente de « Femmes pour le dire, Femmes pour agir », une association de femmes et d'hommes en situation de handicap, au cours du débat qui suivit la projection : « Qu'on nous aide à sortir, qu'on se rencontre. C'est ça qui nous manque ».

 

FB

Un dossier spécial sur ce sujet dans le prochain numéro de Fondation Scelles Infos.

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